L’ÉTUDE DE CAS: DEUX COLLÈGES SOCIALEMENT ET TERRITORIALEMENT DIFFÉRENTS

 Pour appuyer notre propos, nous avons décidé de faire une étude de cas. En effet, nous somme allés dans deux collèges différents, pour marquer les différents facteurs qui peuvent mettre l’accent sur des formes d’inégalités certaines. En effet, après avoir constaté que Paris était la ville où il y avait le plus d’inégalités sociales et donc scolaires, nous avons donc décidé de baser notre étude de cas sur le Collège Carnot dans le 17ème arrondissement étant donné que le collège fait partie de la cité scolaire où se situe notre lycée et nous y avons rencontré un des CPE collège, M. MOULIM ; et le Collège Maurice Utrillo dans le 18ème arrondissement car nous étions familier avec cet établissement où nous y avons rencontré la nouvelle directrice, Mme. BOUAYAD, ainsi que l’AESHCO, M. BEDIKIAN. Deux arrondissements voisins et pourtant l’un est – dit – « populaire », et l’autre chic.

 Le collège Carnot est situé dans le 17ème arrondissement, entouré de la cité scolaire Carnot à 145, boulevard Malesherbes. En face de celle-ci se trouve le centre universitaire Malesherbes. A proximité se trouve le parc Monceau, connu et reconnu pour être l’un des plus élégants jardins de Paris -d’après l’Office du Tourisme et des Congrès.  

Capture d’écran 2018-02-04 à 11.07.39.pngCapture d’écran 2018-02-04 à 11.10.26.pngCapture d’écran 2018-02-04 à 11.08.12.pngCapture d’écran 2018-02-04 à 11.11.28.pngCapture d’écran 2018-02-04 à 11.13.25.png

 Le collège Maurice Utrillo, lui, est situé dans le 18ème arrondissement, au 4, avenue de la Porte de Clignancourt. A la jonction entre le périphérique et Saint-Ouen, il a, à proximité, le centre universitaire Clignancourt-Sorbonne.

Capture d’écran 2018-02-04 à 11.15.05.pngCapture d_écran 2018-02-04 à 11.14.53Capture d’écran 2018-02-11 à 10.32.06.pngCapture d’écran 2018-02-11 à 10.32.15.pngPhotos prises par BOUGHDIRI Mayssa

 On peut noter que le collège Maurice Utrillo est entouré de grands travaux: leur environnement de travail est bruyant ce qui pourrait jouer sur la concentration des élèves donc sur leur réussite. En revanche, la cité scolaire Carnot ne voit pas de tels problèmes ou conflits d’usage à proximité de son enceinte. 

 On peut ainsi remarquer un réel changement d’environnement entre ces deux espaces malgré le fait qu’il ne soit pas tant éloigné que cela.

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 L’établissement situé dans le 17ème arrondissement de Paris comprend aujourd’hui un peu plus de 2000 élèves (collège, lycée et CPGE compris) dont 670 élèves dans le collège. En 2015, il se classe 31e sur 109 au niveau départemental en termes de qualité d’enseignement, et 289e au niveau national: en effet, le classement s’établit sur trois critères : le taux de réussite au bac, la proportion d’élèves de terminale qui obtient le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l’établissement, et la valeur ajoutée (calculée à partir de l’origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet). Cette cité scolaire propulse donc tant son lycée que son collège au rang d’un des meilleurs établissements de Paris ce qui explique son rayonnement et son haut taux de demande d’inscription.

 D’après M. Moulim, CPE du collège Carnot, lors de notre interview, il nous a expliqué que plusieurs dispositifs étaient mis à disposition pour aider les élèves de la cité scolaire à réussir dans les meilleures conditions possibles. En effet, l’aide aux devoirs est proposée aux élèves qui montrent un quelconque besoin d’aide, ceux qui sont en difficultés ou qui n’ont peut-être pas un bon environnement de travail en dehors de l’établissement. Ils viennent après les cours et ce, tous les jours de la semaine. Il y a une nouveauté cette année, le dispositif appelé “Devoirs Faits” : tous les élèves du collège peuvent rester après les cours pour faire leurs devoirs pour ainsi ne pas avoir à les faire à la maison.

 Cependant, pour les élèves qui sont en très grands difficultés et qui accumulent des retards au niveau de l’apprentissage, il y a – dit-il – “une aide plus individualisée”. Elle consiste à travailler avec un professeur en particulier ou un assistant en ayant en amont regardé leurs dossiers pour éventuellement repérer les points faible des élèves en question. Ce dispositif est mis en place dès la fin septembre pour garantir une évolution qui se veut positive sur le long terme. Le suivie débute en 6ème et se poursuit jusqu’en 3ème pour ainsi assurer l’évolution et la réussite de chacun.

 Plusieurs options sont proposées pour ajuster la scolarité de chacun en fonction de ses goûts et préférence. Il y a par exemple une diversité des langues qui peuvent être étudiées : l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le russe, l’hébreu, le chinois ou encore le latin et il y a présence de deux classes bilingues, chinois et allemand.

 Pour ainsi faire de cette cité scolaire un véritable lieu de vie des élèves, il y a mise en place de l’Association sportive (AS) au prix de trente euros à l’année, qui propose plusieurs sport comme le badminton, la musculation …

 Des voyages sont prévus en Espagne notamment au mois d’avril. A cet effet, certains parents font des démarches pour obtenir des aides et leur demande sera satisfaite puisqu’il y a des aides de financement qui ne concernent pas seulement les voyages mais aussi la cantine. Le CPE souligne d’un ton amusé que “ce n’est pas parce qu’on est à Carnot qu’il n’y a pas de parents qui demandent de l’aide pour financer certains dispositifs”.

 Cette phrase est pleine de nuance car en réalité elle soulève une idée reçue qui se traduirait par le fait que seuls les élèves issus de milieux aisés et donc favorisés au plan socio-culturel ne pourrait fréquenter ce genre de d’établissement. Mais depuis quelques années maintenant le taux de boursiers augmentent (il est aujourd’hui de 11,5% et concerne 71 élèves sur 670) et même si ce n’est pas très significatif, on peut en déduire qu’il y a une forme de mixité sociale qui commence à arriver au sein du collège Carnot,  et au sens large, au sein de la cité scolaire Carnot.

 Le collège M.Utrillo situé dans le 18ème arrondissement recense un peu plus de  350 élèves. On peut déjà affirmer que la taille de ces deux établissements sont d’envergures différentes.  Il a eu, il y a de cela une dizaine d’années, une très mauvaise réputation. Il en subit encore les conséquences malgré son amélioration. Il est placé en REP+ c’est-à-dire qu’il est placé dans les réseaux d’éducation prioritaire plus.

 Nous avons donc été sur place et avons interviewé la nouvelle directrice de l’établissement qui n’est arrivée que cette année, Mme. Bouayad ainsi que l’AESHCO, M. Bedikian. Ils ont donc pu nous détailler plus précisément les différents dispositifs et mesures mis en place.

 Il y a tout d’abord des dispositifs internes au collège comme l’école ouverte qui consiste à suivre des cours pendant les vacances. La session qui se déroule lors des vacances d’avril est consacrée aux élèves de troisième qui passeront le brevet au mois de juin qui suivra. Ensuite, il y a le GAS, un dispositif qui dure pendant six semaines consécutives (de mars à avril) et cette fois-ci pendant les cours qui consiste à prendre huit à dix élèves les plus en difficultés pour leur apporter un soutien mais avec un inconvénient qui persiste, c’est qu’ils sont retirés de leurs cours pendant toute la durée de ce dispositif.

 Aussi, il y a des dispositifs extérieurs à l’établissement. Il y a par exemple l’association SOCRATE qui accompagne des élèves dans leur scolarité et ce de la cinquième à la troisième et parfois même pendant le lycée. Cinq élève du collège sont concernés cette année. Encore, il y a la FEVE qui est un organisme aidant les élèves à faire leur devoir à la maison ou dans une médiathèque de quartier. Enfin, les Cordées de la Réussite qui concerne les meilleurs élèves de troisième qui ont néanmoins des difficultés sociales ( les boursiers par exemple). Ils sont pris en charge à raison d’un mercredi après-midi tous les quinze jours depuis le début de l’année scolaire pour aller au lycée Louis le Grand. Ils n’iront pas forcément dans ce lycée là après la troisième mais ce dispositif permet d’ouvrir leurs horizons et de les encourager pour viser les meilleurs lycées parisiens.

 Une classe d’ULIS (Unité Localisée d’Inclusion Scolaire) est aussi présente dans l’établissement et est dirigée par un coordinateur et un AESHCO. Cette classe concerne les élèves qui ont des déficiences intellectuelles.

 Si les dispositifs pour aider les élèves en difficultés, les options sont, elles, moindres. En effet, il y a seulement quatre langues proposées : anglais, allemand, espagnol et latin/grec. “Il y a de tels besoins d’apprentissages en français que nous sommes pas dans une problématique d’instaurer d’autre langues vivantes. Souvent, la maîtrise de la langue française est très imparfaite.” dit la principale.

 Pour ce qui en est de l’Association Sportive (AS), elle est accessible au prix de vingt euros à l’année et des sports tels que la natation ou encore le football. “ On voulait augmenter le prix de l’AS à vingt-cinq euros mais les parents s’y sont opposés estimant que c’était trop cher”. Un prix qui même s’il avait augmenté serait inférieur à celui que propose le collège Carnot. Aussi, tout comme à Carnot, des voyages sont prévus, quatre plus précisément : Italie, Allemagne, Angleterre et un séjour au ski dans le sud de la France. Ils essaient de toucher un maximum de classe car  “c’est souvent le seul moyen de pouvoir partir pour les enfants”.

 Des aides sont proposées notamment grâce au fond social, ainsi que des aides pour la cantine pour les boursiers pour aider les familles qui rencontrent de difficultés conjoncturelles: par exemple, pour ceux qui sont en difficultés majeures, les repas sont au prix de 0,13€.

 Aussi bien dans le collège Carnot que dans le dans le collège Utrillo, différents moyens sont mis en place pour aider et garantir la réussite de tous. Cependant, ces deux établissements ne répondent pas à la même problématique car les différents types de personnes qui s’y concentrent diffèrent et leurs besoins aussi. En effet, à Utrillo, nous sommes plus dans la recherche de bâtir les bases qui pour beaucoup ne sont pas ou très peu acquises alors qu’à Carnot ce sera  plutôt pour approfondir les compétences déjà acquises, ce qui est appuyé par les propos des deux personnes interviewé des différents établissement.

 “Tout est mise en place pour assurer la réussite de tous mais il faut dire la volonté des élèves, en face, est déterminante. Dès l’entrée en sixième, on remarque un réel rejet de l’école. On a énormément de mal à toucher les familles: on s’en rend compte lorsqu’on est obligé d’appeler les pompiers parce qu’un enfant se sent mal et que les parents sont injoignables. On a leur numéros de téléphone mais ils ne répondent pas ou qu’ils ne peuvent pas se déplacer. C’est un grand soucis qu’on rencontre et qui joue dans la réussite de nos élèves. Ensuite au sein de l’établissement,je pense que l’avantage est qu’on a une équipe qui est là depuis longtemps, qui a choisie son public et choisi de rester là et qui essaie de faire en sorte que tout se passe pour le mieux mais ce n’est pas toujours facile. Sur vingt-cinq élèves d’une classe, on a, en moyenne, deux ou trois élèves qui posent de gros gros problèmes.” dit la principale de l’établissement situé dans le 18ème arrondissement de Paris ce qui montre que de réels problèmes au sein des familles sont à l’origine même d’inégalités scolaires.

Carnot met tout en place pour que tout le monde puisse réussir , son objectif est qu’à la fin de l’année de troisième , tous les élèves aient une orientation, quelque chose qui permettent de poursuivre leurs études.” souligne le CPE du collège Carnot. Bien sûr, on ne dit pas qu’à Carnot c’est impossible qu’un cas de figure de cet ordre arrive, mais ce type de phénomène est plus rare.

 Malgré les différents clivages relevés précédemment, les écarts en terme de chiffre ne sont pas si importants. En effet, à Carnot, il y a eu 99,45% de réussite au brevet pour la session 2016/2017 avec un seul élève recalé, 157/670 mentions données (soit 23,4%) et enfin, 83,24% acceptés en seconde générale et 10,6% en seconde professionnelle.

 Au collège Utrillo, il y a eu 83% de réussite au brevet pour la session 2016/2017, 54/77 mentions données (soit 94%) et enfin, les deux tiers des élèves de troisième acceptés en seconde générale (soit 63%) et un tiers en seconde professionnelle (soit 37%).

 Le problème d’évitement scolaire n’est pas concerné par Carnot, c’est plutôt l’inverse. Il y a un taux de pression très élevé au collège. Le collège est très réputé , c’est pour cela que les parents veulent inscrire leurs enfants dans ce collège. Quand il n’y a pas plus de place , c’est le rectorat qui dirige les élèves vers un autre collège. Aucun élève peut rentrer dans l’établissement sans passer par le rectorat.La priorité pour pouvoir accéder au collège est d’habiter dans le secteur.

 Et même si on pourrait en croire le contraire, à Utrillo, le taux d’évitement est léger, il n’est pas si important: cent cinquante élèves y sont affectés en 6ème, mais seulement cent sont pris car l’établissement va être détruit et va se délocaliser pour aller Rue Championnet, toujours dans le 18ème arrondissement. En prévision de cette destruction il y a eu une baisse d’effectif sur les dix dernières années de manière à stabiliser et pour faire en sorte que lorsque l’établissement se déplacera sur un lieu provisoire, il n’y ait pas trop d’élèves à replacer.

 Ces deux établissements se distinguent donc par leur différentes problématiques auxquelles ils essaient par différents moyen d’y répondre. Et cela semble plus ou moins fonctionner au vu des chiffres qui nous ont été donné ultérieurement. Les élèves, quel que soit l’un des établissement étudiés, y sont encadrés et sont suivis pour leur permettre et leur assurer la réussite. Malgré tout, une forme d’inégalité persiste puisque Carnot est préféré à Utrillo pour x ou y raisons ou idées reçues.

 

Une réflexion sur “L’ÉTUDE DE CAS: DEUX COLLÈGES SOCIALEMENT ET TERRITORIALEMENT DIFFÉRENTS

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