INTRODUCTION

L’objectif de notre TPE est d’étudier le rapport entre inégalité scolaire et origine sociale.

Nous pouvons parler d’inégalités “scolaires” lorsqu’il y a présence d’une situation où biens ou services distribués par l’école sont répartis inégalement en fonction de groupes sociaux définis notamment par le milieu socio-économique, le capital culturel des parents ou encore par l’origine. Une situation d’inégale répartition des compétences scolaires et des savoirs qui existe dans tous les pays, mais notamment en France.

 Cette question est d’autant plus centrale que nous vivons dans des sociétés démocratiques affirmant l’égalité fondamentale des individus et dans lesquelles l’égalité des chances scolaires et la méritocratie (système politique, social et économique où les privilèges et le pouvoir sont obtenus par le mérite) sont tenues pour valeurs fondamentales de l’école. Cependant elles perpétuent les inégalités sociales et produisent des inégalités de réussite scolaire entre enfants d’origines sociales différentes, menant à l’échec une bonne partie des élèves issus de groupes minoritaires : les élèves migrants et issus de l’immigration, les élèves défavorisés au plan socio-économique et/ou faiblement dotés en capital culturel.

L’école a une principale mission : reconnaître, assurer et faire-valoir les capacités à apprendre et à mettre en vigueur les compétences acquises dans le cadre scolaire. Ces capacités et compétences ne sont pas également et justement réparties dans une même population où de réels clivages existent. Cependant, depuis les travaux fondateurs de P. Bourdieu et J-C Passeron, dans Les Héritiers en 1964, qui ont mené une enquête pour évaluer l’importance du rôle de « l’héritage culturel » dans la production des inégalités scolaires en partant des inégalités sociales, nous savons que ces qualités ne dépendent plus simplement de l’individu en question mais aussi de facteurs sociaux hérités en lien avec la socialisation familiales et aux apprentissages dès le plus jeune âge. Mais nous traiterons ces facteurs plus tard dans notre développement.

Notre projet ne consiste pas à savoir s’il est juste ou injuste qu’il y ait des inégalités scolaires, ni à déterminer s’il est normal que les élèves les plus défavorisés au plan économique soient aussi désavantagés au plan de leurs apprentissages et de leurs acquis scolaires mais de considérer qu’il était clair pour tous que de tels écarts d’apprentissage étaient non seulement en rupture avec les valeurs de nos sociétés démocratiques et modernes, mais aussi qu’ils étaient peu pratiques dans un pays développé et riche où la place des individus dépend en grande partie de leur niveau de diplôme et des compétences acquises en cours de formation.

Certes, cette dynamique inégalitaire de la répartition des compétences scolaires et des savoirs existe dans tous les pays mais nous montrons que la portée de ces inégalités est particulièrement ancrée en France, bien plus que dans les pays voisins tels que l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Italie, le Luxembourg ou la Suisse. De plus, ces inégalités se prolongent très clairement depuis dix ou vingt ans: d’ailleurs, plusieurs programmes auxquels nous pouvons appuyer nos dires comme Pisa – Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves – et les sources nationales comme celles de la DEPP – Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance – se sont développés.

 Notre étude se doit d’être objective : savoir résoudre un problème basique de géométrie, maîtriser les bases du raisonnement scientifique ou encore lire un simple texte sont des compétences que tous les élèves ne maîtrisent pas, principalement chez les élèves les plus fragiles au plan socio-économique et culturel. Plus clairs encore : la part des élèves qui ne maîtrisent pas ces compétences basiques mais fondamentales augmente parmi les élèves socialement défavorisés alors qu’elle régresse parmi les élèves des milieux favorisés. L’une des caractéristiques les plus frappantes de ce phénomène est qu’entre un tiers et la moitié de ces inégalités scolaires découlent directement des choix faits par les individus (cf: Marie Duru-Bellat, 2002) : en effet, les enfants d’origine défavorisée s’engagent en moyenne dans des études plus courtes. Cela signifie que l’école en France est peu efficace et de moins en moins équitable. Elle ne parvient pas à faire acquérir les compétences de base à tous les élèves alors même que c’est l’une des missions primordiales de l’enseignement primaire et secondaire.

 Par définition, une inégalité est une différence dans l’accès à des ressources scolaires rares et valorisées, ressources étant entendu au sens le plus large, incluant toutes les possibilités d’apprentissage qui dépendent mécaniquement de deux facteurs : l’évolution des acquis des groupes les plus favorisés et celle des groupes les moins favorisés.

Dans le cas de la France, contrairement à la moyenne des pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique), on observe un effet “ciseaux” : les performances des plus favorisés s’améliorent alors que celles des moins favorisés se dégradent. Encore, l’école française est efficace pour les plus favorisés et peu efficaces pour les élèves appartenant aux groupes minoritaires définis par leur origine socio-économique, culturelle et migratoire.

 C’est pourquoi nous essaierons dans notre développement d’émettre un lien entre origine sociale et réussite scolaire et ce, grâce à trois grandes parties qui sont les suivantes: les inégalités scolaires liées à l’origine sociale et à la nationalité, l’environnement social et scolaire des individus et l’étude de cas de deux collèges soumis à notre étude : le collège Carnot et le collège Maurice Utrillo.

 

 

 

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